วันพุธที่ 23 มิถุนายน พ.ศ. 2553

Le corps ravi de l’héroïne


Marc Tourret
Il semble que l’énumération des grandes figures héroïques occidentales consiste à dresser la liste de membres d’un club essentiellement masculin s’autorisant à accomplir des "exploits" pour réaffirmer, par la maîtrise de la violence, un ordre sexuel inégal et androcratique. L’accès des femmes à l’héroïsme est d’autant plus problématique que les activités du héros étaient traditionnellement masculines (la guerre, l’exploration du monde) et que la célébrité qui y était associée était plutôt réservée aux hommes. Les mutations contemporaines des figures de l’excellence ont-elles ménagé une place au corps de l’héroïne ou les femmes doivent-elles se contenter d’assister à la remise en cause actuelle des héros ? Quelles représentations de la féminité et de la masculinité l’héroïsme véhicule-t-il ? Certains héros célèbres du XXIe siècle se comportent encore comme Thésée qui abandonne Ariane à Naxos, ou Héraclès qui démontre sa puissance virile avec les cinquante filles du roi Thespios. Mais le héros antique sortait d’un âge mythique où nature et culture étaient difficiles à distinguer. Son émergence nous fait entrer dans l’histoire sociale et donc le clivage des sexes. L’Amazone, cette guerrière mythique est, aux yeux des Grecs, l’anti-femme puisque ni épouse ni mère, elle perturbe famille et procréation.Refusant l’autorité des hommes, les Amazones tuent ou estropient leurs enfants mâles et entraînent leurs filles au maniement de l’arc et du javelot. Elles incarnent le comble de la barbarie, un négatif de la civilisation telle que se la représentent les Anciens. Achille tombe amoureux de Penthésilée au moment même où il la tue, Héraclès dépouille la reine des Amazones Hippolyté de sa ceinture d’or quand Thésée ravit Antiopé, sa soeur. Ainsi, seuls les grands héros sont assez forts pour frôler ou s’unir sans lendemain avec ces fascinantes guerrières.Le développement du christianisme propose des figures exemplaires aux femmes qui, bien qu’interdites de fonctions liturgiques, font partie de la communauté des fidèles. La Vierge et les saintes incarnent ces modèles vertueux. Au XVe siècle l’épopée de Jeanne d’Arc est d’autant plus étonnante que nous sommes encore au "mâle Moyen Âge" selon l’expression de Georges Duby. En 1431, la Pucelle d’Orléans est d’ailleurs condamnée à mort pour avoir, entre autres chefs d’accusation, porté des habits d’homme, transgression inacceptable de l’ordre sexuel en place.

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